BIOGRAPHIE

A l'âge de sept ans, Alan Borvo est fasciné par une petite illustration, dans un dictionnaire, représentant des "Lapons" (on ne disait pas encore "les Samit") devant leur hutte. Cette découverte va donner un sens à toute sa vie. A vingt ans, en 1953, il part en Laponie en auto-stop, rencontre ses premiers Lapons nomades dans le Finnmark norvégien et y retourne l’année suivante, toujours en auto-stop, pour étudier les Skolt, des Lapons russes exilés au nord de la Finlande du fait des deux dernières guerres. Ayant entrepris des études d’ethnologie, il trouve à s’engager comme berger de rennes pour un hivernage sous la tente d’une famille d’éleveurs (1955/1956). Température minimale : - 42°C ! L’appareil photo rend l’âme, mais l’ethnologue en herbe tient bon.

Durant ses voyages, Alan Borvo a constitué une considérable collection d'objets usuels sámit (outils, accessoires, vêtements) qui a fait l'objet de plusieurs expositions consacrées à la culture sámi, en France et en Europe.

Seul lors de ses visites personnelles chez les "Fjellfinner", ou avec la collaboration d'instituteurs et d'institutrices Sámit, il a également constitué une collection de 120 dessins d'enfants de Polmak, Karasjok, Kautokeino et Karesuando. Personne ne se serait hasardé à pronostiquer qu'il s'agissait de la dernière génération de nomades vivant et se déplaçant encore avec les pulkas et les lavvus montés et démontés à chaque étape. Cette collection unique représente donc sans doute le témoignage le plus important et le plus précieux sur leur vie quotidienne, avec toute la sincérité et l'objectivité de l'enfance. Nul ne s'y est trompé, pas plus le public français, qui a pu les découvrir à Paris, que les Sámit eux-mêmes. En effet, à l'initiative de Berit Åse Johansen et du Musée de Karasjok, les enfants Sámit des années 50, devenus quinquagénaires, ont redécouvert avec l'émerveillement et l'émotion que l'on imagine la propre vision qu'ils avaient eu de l'univers de leur enfance. Ils ont également, à cette occasion, retrouvé cet étranger pas comme les autres qui avait visité leur école, s'était assis auprès d'eux, leur avait parlé, dans un "sámegiella" maladroit, mais qui avait su vaincre leur timidité. Pour lui ils avaient raconté leur vie quotidienne en images sincères et bouleversantes, mais aussi leurs légendes et leurs aspirations, sans se douter un instant qu'ils participaient à ce qui allait devenir un irremplaçable "trésor de mémoire collective".

Aujourd'hui Alan a disparu. Les innombrables témoignages que sa compagne Angélina a reçus, venant de toute la terre ancestrale des Sámit, disent bien que l'enfant qui rêvait devant l'image d'un vieux dictionnaire était bien devenu Sámi lui-même. Gageons qu'il a reçu l'accueil qu'il méritait de tous ceux qui l'ont précédé au "Saivoaimo" des anciens Sámit.

EXTRAIT VIDEO

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Film réalisé par Nils John Porsanger

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